Cette semaine j’aborde le thème de l’allaitement perçu par une maman incapable d’allaiter. Le rejet vécu par l’entourage, le découragement, la remise en question de notre rôle de mère, etc…
L’allaitement devrait être un libre choix. Je ne ferai pas le procès des pours ou contres de l’allaitement. Il est prouvé que l’allaitement est bon pour le bébé. Meilleur que les formules. Meilleur que les laits substituts. Mais à quel point est-ce meilleur si ça rend maman et bébé malheureux?
À mon premier bébé, je m’étais laissé le choix. Je me suis dis si ça fonctionne, tant mieux. Sinon, tant pis. Je ne suis pas un bébé allaitée. Je suis en santé. J’ai bien grandie, alors…
Bébé NUMÉRO UNO arrive. J’allaite le colostrum mais bébé pleure, pleure, pleure constamment. Une fois de retour à la maison, c’est la crise. Je l’allaite constamment. Il hurle constamment. Vérification… pas de lait. Les deux seins bien à secs. Papa se rue à la pharmacie acheté une formule. Mais laquelle??? On fait des tests. On essaie une et l’autre. Bébé pleure encore. Après de nombreux appels au médecin qui suit bébé, à 11 semaines de vie, on se rend compte que bébé est intolérant aux protéines bovines.
« Est-ce que vous allaitez?
Non. Je n’ai pas eu de lait.
Ça ne se peut pas ça. Qu’est-ce que vous lui avez donné comme substitut?
Comme substitut? Comme nourriture vous voulez dire. On lui a donné des formules pour bébés. On a pas mal tout essayé. Il pleurait tout de même tout le temps.
Si vous l’aviez allaité ça ne serait pas arrivé. On va vous prescrire une formule sans protéine bovine. Ça devrait s’arranger. MAIS le lait maternel c’est le meilleur et il y a de très bons régimes sans protéine bovine que vous pourriez suivre. »
Arrivée à la maison, je me sens littéralement comme de la MERDE… On vient de me dire que mon bébé souffre à cause de moi. Que si j’avais eu une montée laiteuse et que je l’avais allaitée, il n’aurait pas eu se mal depuis 11 semaines. Je revois MON médecin quelques semaines plus tard. Je n’en mène pas très large. On discute et elle me fait remarquer que ce que le médecin de NUMÉRO UNO m’a dit est totalement faux. D’ailleurs elle s’est contredite elle-même en m’indiquant que je pourrais suivre un régime sans protéine bovine. Ce qui veut dire que même allaité, il aurait eu ces intolérances. Je me sens un peu mieux mais tout de même…
Bébé NUMÉRO DOS est en chemin. Je lis tout ce qui me tombe sous la main sur l’allaitement. J’ai vraiment le désir de l’allaiter. Il y a toujours un petit quelque chose qui me nargue et qui me dit que si j’avais allaitée, j’aurais pu aider l’estomac de NUMÉRO UNO à maturer et que celui-ci n’aurait pas souffert d’intolérance. J’apprends qu’il arrive qu’au premier bébé on soit trop nerveuse et que la montée laiteuse ne se fasse pas dû à cette nervosité. Au second, ça se replace dans 95% des cas. Je suis bien résolue à allaiter NUMÉRO DOS. Je prends du fenugrec et une autre herbe dont je ne me souviens plus le nom en prévision d’augmenter ma production laitière. J’achète un tire-lait manuel et des sacs pour congélation de lait. Je n’achète aucune tétine à bouteille, aucune préparation lactée. JE VAIS ALLAITER!
Arrive bébé NUMÉRO DOS. Rien. Rien. Et encore, rien… Même pas une goutte de colostrum. L’hôpital où j’accouche étant PRO-ALLAITEMENT et classée AMI DES BÉBÉS, on tente par tous les moyens de me stimuler une montée de lait. Bébé au sein à tous les 10 minutes pour 10 minutes. Tire-lait double électrique presqu’en tous temps. Ce n’est pas compliqué, je me sens comme une vache à lait… J’ai toujours quelque chose de pendu après les seins. Et NUMÉRO DOS qui pleure, pleure, pleure et perd du poids. Il perd sa chaleur corporelle et se déshydrate. On me refuse de le nourrir avec une formule pour ne pas « scrapper » mon allaitement. Quel allaitement? Je n’ai pas une goutte de lait MERDE… Rien pantoute. Mon Roméo s’écœure et va à la pharmacie chercher une canne de formule. Cette fois on ne prend pas de chance et on prend tout de suite celle pour les intolérances puisque le risque que NUMÉRO DOS en souffre aussi est de plus de 80%. Une fois nourri, celui-ci reprend vite son poids et garde maintenant sa chaleur corporelle. Nous ne sommes pas au bout de nos peines pour autant. Comme j’ai fini par « renoncer à l’allaitement », notre numéro de chambre est inscrit sur un tableau à l’entrée du poste des infirmières et nous n’avons plus AUCUN service hospitalier. NADA!!! Au point ou j’aurais presque pu partir avec bébé sans que personne ne s’en aperçoive. Chaque infirmière qui passe devant notre chambre nous regarde avec dédain. L’infirmière qui était en « shift » lors de notre « capitulation face à l’allaitement » ce fait « varloper » par sa supérieure. Elle a perdue une patiente. PERDUE UNE PATIENTE… JE NE SUIS PAS MORTE CIBOLE… J’ai juste décidé de ne pas allaiter. D’ailleurs, je n’ai même pas décidée, mon corps l’a fait pour moi. Je vie à ce moment un désespoir hallucinant. Je ne ressens aucun attachement pour ce bébé, je ne peux pas l’allaiter pour créer le lien et en plus, on me traite comme de la MERDE!
Une fois mon congé reçu, je ferai un genre de dépression post-partum. Tout devient une montagne… Chaque épreuve me semble insurmontable.
NUMÉRO DOS est un bon bébé. Il boit bien ses biberons de formule. Beaucoup même. Il dort bien. Et je récupère quand même assez bien. Mais au fond de moi, en plus de ne pas ressentir d’attachement pour ce bébé, je ressens un vide et une culpabilité de ne pas avoir réussi l’allaitement. De plus, à chaque fois que je vois de nouvelles mamans, j’ai droit au « Tu n’allaites pas?, C’est tellement plus simple, tu peux donner à boire n’importe où n’importe quand!, C’est impossible de ne pas avoir de montée laiteuse. C’est un manque de volonté., Faut de la persévérance pour que l’allaitement fonctionne bien., Etc… »
J’ai ressentie l’humiliation à l’hôpital. J’ai ressentie l’humiliation dans mes sorties. Je ressens un grand découragement. Je me demande même si je suis réellement faite pour avoir des enfants. Peut-être que c’est une erreur finalement. Peut-être que je n’aurais jamais dû en avoir.
Les années passent. Je tombe enceinte des jumeaux. Le sujet me hante. Je fais des recherches. Je rencontre la conseillère en allaitement de l’hôpital. On commence tout de suite un traitement à la dompéridone. Suite à une conversation avec mon médecin qui se souvient de mes larmes après NUMÉRO UNO et NUMÉRO DOS, je fais un « plan d’allaitement » que je remets à l’hôpital lors de mon admission.
J’ai décidée de tenter l’allaitement en alternance. Un bébé allaité et l’autre à la bouteille chacun leur tour. De cette façon, papa et les grands frères pourront aussi participer. Je réussie à allaiter. Je suis tellement heureuse. Tout se passe bien à l’hôpital. Je reçois mon congé 36 heures après l’accouchement. Je continue d’allaiter à la maison mais je n’ai pas assez de lait pour faire un boire complet… Je dois donc compenser par une bouteille en plus de l’allaitement. Au bout de 9 semaines, malgré mes acharnements (augmentation de dompéridone, ajout de fenugrec, achat d’un tire-lait double électrique), je devrai cesser l’allaitement. Mes bébés sont intolérants aux protéines bovines. Comme je fais de l’anémie, mon médecin est contre le régime sans protéine bovine. Consultation chez le pédiatre pour les cocos qui sont pleins de boutons et qui vomissent littéralement tout ce que je leur donne. Celui-ci nous prescrit à nouveau la formule pour les intolérances et me dit « Madame, les formules pour bébé ont été inventées pour nourrir les bébés. L’allaitement c’est super mais pas au détriment de la santé de la maman ou du bébé. Vous avez 4 enfants dont des jumeaux de 9 semaines. Vous devez allaiter plusieurs fois par jour en plus de tirer votre lait à répétition et ce, pour quelques onces par jour. Je vous suggère de laisser tomber. Un régime n’est pas à conseiller dans votre cas. L’allaitement ce n’est pas pour toutes les femmes. Vivez les biberons de formules en appréciant ces moments avec vos bébés. Collez-les, embrassez-les, cajolez-les… prenez le temps pour eux et ils en ressentiront un grand bonheur et beaucoup d’amour. Plus qu’avec le stress que vous vous imposez pour l’allaitement… »
J’ai eu beaucoup de peine. Je me suis sentie comme une moins que rien. J’aurais aimée conserver le contact peau à peau avec mes bébés lors des allaitements. J’adorais voir leurs petits yeux me regarder avec tendresse.
Ça m’aura pris du temps mais j’ai réussis à cesser de me sentir nulle parce que je ne réussissais pas à allaiter. Et vous savez quoi? J’ai découvert que durant les biberons mes enfants me regardaient avec autant de passion que lors des périodes d’allaitements. Le lien d’attachement est aussi fort entre eux et moi qu’entre les enfants allaités et leur mère. Ils sont en aussi bonne santé. Ils grandissent bien et évoluent aussi bien que les autres. Oui, c’est plus difficile à planifier les sorties; on doit planifier les boires, s’assurer qu’on peut faire chauffer les biberons. Mais j’ai réussi à sortir avec mes jumeaux autant que d’autres mamans qui allaitent. Je ne me suis jamais empêchée d’aller quelque part à cause d’un biberon… Et plus jamais je n’accepterai que quelqu’un tente de me rabaisser parce que je n’ai pas allaité exclusivement mes enfants.
L’allaitement est un libre choix. Que vous soyez capable ou non d’allaiter. J’avais choisie l’allaitement. Mon corps en a décidé autrement.
A chacune sa route !
le pire c’est que dans le temps de ma grand-mère si tu allaitais tu étais vu comme une genre de hippie treehugger! Je trouve ça épouvantable la manière dont certains professionnels de la santé t’ont traité!
Je te comprends tellement ! C’est vraiment un deuil difficile à faire !
Comme je te trouve courageuse.Je pense sincèrement que tu as fait le bon choix.
Je trouve ça épouvantable ! C’est déjà toute un expérience accoucher et rencontrer ton bébé pour la première fois que la dernière chose dont tu as envie c’est de te faire traiter comme une moins que rien. Moi j’ai eu la chance d’allaiter mes jumeaux, parce que ça bien été et j’ai eu rapidement une grosse montée de lait. Mais c’est différent pour chaque femme !
Avant d’accoucher je m’étais dit : Je continuerai de tenter l’allaitement tant que ce sera pas mes bébés qui en souffriront, si moi j’ai mal je peux endurer mais pas eux !
J’ai dû alterner formule/allaitement les premiers jours parce qu’ils perdaient trop de poids et on m’a critiqué pour leur avoir donné de la formule… Mais c’est ça qui m’a permis de continuer et finalement j’ai allaité 13 mois !
Le choix que tu as fait c’est le meilleur pour toi et tes enfants et tu as le plus beau des mérite d’avoir essayé, et de t’y être même acharnée, à chaque bébé tu gardais espoir et ça, c’est la plus belle marque d’amour qu’une maman peut faire.
Bravo pour ton article 🙂
Félicitation de ta persévérance, mais quand sa marche pas sa marche pas BON! Moi avec mes jumeaux j’en ai allaité 1 au sein pendant 2 semaines, le 2e voulait rien savoir, et après 2 semaines, je tirais mon lait avec complément de lait maternisé, je prenais de la dompéridone, faisais de l’anémie alors……j’ai cessé l’allaitement au bout de 2 mois, brûlée ++ VAUT MIEUX AVOIR UNE MAMAN EN SANTÉ ET AVEC DE L’ÉNERGIE QU’UNE MAMAN ACHARNÉE! Voilà ces que mon Dr m’a dit…elle voyait bien qu’à chaque rendez-vous j’avais la mine plus basse. Il faut pas oublier que quand on tire son lait, il faut se lever la nuit pour donner le biberon ET tirer son lait sinon byebye la production…Quand tes journées sont : nourrir les jumeaux et tirer ton lait ouff..
Une infirmière m’a déjà dit: Mieux vaut un biberon heureux, qu’un sein malheureux.
J’apprecie ta franchise et et ton cote vrai..merci de t’etre ouverte a nous sur tes experiences…car plusieures qui n’ont pas allaite…peuvent se retrouver qque part dans ce que tu as vecu…
j’ai moi meme eu mon lot de problematiques avec mon allaitement….
Je trouve ca deplorable quand des gens dans le domaine de la santee se permettent de dire leurs opinions comme ca haut et fort..!!
C’est completement deplace de juger les gens comme ca..!!!
😉