Collaboration spéciale de Maude Cournoyer- Comment allaiter deux bébés sans se fatiguer (j’ai pas trouvé)

Aujourd’hui, une surprise! Un billet spécial composé par une de nos lectrices, Maude Cournoyer. Merci de partager ton expérience avec nous Maude!

Comment allaiter deux bébés sans se fatiguer (j’ai pas trouvé)

Avant d’accoucher, je ne comprenais pas pourquoi on faisait une si grosse histoire avec l’allaitement. On me disait c’est meilleur pour le bébé, je pensais à tout l’argent économisé. La seule raison de ne pas allaiter qui me venait à l’esprit était de ne pas produire de lait. J’allaiterai donc, me disais-je, sauf si mon corps en décide autrement. C’était donc réglé. Mon conjoint et moi en avons discuté et aucune raison valable ne nous venait en tête pour ne pas nourrir les bébés au sein.

Et pourtant, j’aurais dû me méfier. Quand je voyais ces publicités qui vantaient les mérites de cette pratique, ces dépliants pour les groupes de soutien à l’allaitement, quand les intervenantes un peu grano des cours prénataux venaient nous parler de la joie si intense que ressent une mère quand elle donne le sein, j’aurais dû comprendre que quelque chose clochait. Pourquoi tant d’insistance, si c’est si formidable? Pourquoi mes amies hippies, quand elles me parlaient d’allaiter, ne m’ont-elles jamais prévenue? Tu vas allaiter? Ben oui, qu’est-ce que tu penses? C’est bon pour bébé, ça coûte pas cher et ça favorise le lien affectif. Fin de la discussion. On ne se pose plus de questions. Quand les bébés vont naître, on va les plugger, ils vont téter. Pas plus compliqué.

La seule personne à avoir réussi à semer le doute dans ma tête est ma mère. Elle me disait n’avoir pas produit beaucoup de lait et avoir dû renoncer assez rapidement avec moi. Pourtant, on me disait que toutes les femmes produisent du lait et peuvent réussir l’allaitement. Ma mère n’avait donc pas vraiment essayé. Faut dire que dans le temps, ce n’était pas aussi à la mode qu’aujourd’hui. Elle n’était peut-être pas au courant de tous les mérites de l’allaitement. Je pardonnais donc à cette mère indigne et inconsciente qui avait ruiné mes premiers repas. Mais ma fille, tu étais très en santé. Ben oui, ben oui… MAIS PAS AUTANT QUE SI J’AVAIS ÉTÉ ALLAITÉE. Et le lien affectif… Bon, ça je vais garder ça pour mon thérapeute.

Revenons donc à nos rejetons. Je venais à peine de les expulser, qu’on me demandait si j’allais allaiter. La question me semblait très à propos, puisqu’il fallait bien les nourrir ces bébés-là. Oui, je veux bien essayer ai-je dit. Là, il faut savoir que BB1 et BB2 étaient à la pouponnière, car nées prématurément. J’ai fait du peau à peau à peu près 15 secondes. Mais ça, je garde ça pour un autre billet. Bref, mes bébés étaient nés prématurément et personne ne m’avait dit que pour allaiter, c’est plus facile quand on fait du peau à peau et qu’on a des bébés nés à terme.

Personne, absolument personne à l’hôpital n’a émis de doutes sur ma capacité à allaiter deux bébés nés à 35 semaines de gestation. Et le cycle infernal a commencé. Mes bébés sont nés un peu après 21h. À minuit, on me les amenait dans ma chambre pour la première tétée. J’étais épuisée, mais j’étais aussi très contente de les avoir avec moi, même si je ne savais pas trop quoi faire. Elles étaient branchées sur un petit moniteur et je ne savais pas trop comment faire pour les manipuler. Mais j’ai fait ce qu’il fallait : la technique du gros hamburger! On fait comme un genre de sandwich avec notre mamelon et on s’arrange pour que bébé prenne une bouchée. Miam, miam! C’est bon! Répétais-je sans arrêt aux bébés. Peut-être était-ce le buzz d’épidurale ou l’adrénaline, je ne sais pas. N’empêche que j’étais déterminée à les faire profiter de ce premier repas sur terre. Miam miam! Miam miam! Miam miam! Mais comment ça que ça marche pas? C’est parce qu’il faut stimuler la montée de lait. Ah, ouin… J’avoue.

Après deux heures à essayer de les nourrir. Le buzz a commencé à descendre et j’ai commencé à penser que peut-être que ce ne serait pas si facile. J’étais épuisée et j’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil. J’ai appelé les infirmières qui sont revenues chercher les poupons et elles m’ont demandé si j’acceptais qu’elles donnent un peu de lait maternisé. Ben oui, faudrait bien qu’elles mangent hein? Et là, elles me demandent si elles reviennent dans une heure. Comment ça dans une heure? Je viens comme d’expulser deux bébés, je peux pas dormir? Bien… Il faut les nourrir aux trois heures. On a commencé à minuit, la prochaine tétée est à trois heures. Ah, ouin… J’avoue. Écoutez, on va sauter un boire, on revient à six heures. Dormez maintenant.

C’est ainsi que le reste de mon séjour à l’hôpital se déroula, trois heures à la fois. Deux heures à essayer d’allaiter, une heure à me reposer, sans arrêt, sans arrêt. J’ai eu mon congé après deux jours, mais pas les bébés. On m’a demandé si je voulais continuer à allaiter. J’ai pas osé dire non. Mon orgueil me poussait à continuer. En plus, comme j’allaitais j’avais droit à une chambre juste à côté de la pouponnière, où se trouvaient mes amours. J’ai donc continué, même si au fond, je commençais à être écoeurée. J’en voulais même à mon chum de ne pas avoir de seins pour m’aider. C’est ça, c’est toujours la mère qui fait toutttte!!! Mais ma chérie, j’aimerais tellement ça pouvoir t’aider… Et je voyais les infâmes parents qui donnaient des biberons en deux temps, trois mouvements. J’étais morte de jalousie. C’est là que j’ai compris que tout ça allait s’arrêter assez rapidement.

Le problème c’est que je n’osais pas en parler. Dire clairement à tout ce beau monde-là qui voulaient m’aider à allaiter qu’on avait fait ça pour rien, que c’était fini, que j’étais plus capable. Et mon chum qui allait être déçu… Sa progéniture allait souffrir d’un grand manque. Alors j’ai commencé par demander si je ne pouvais pas faire un allaitement mixte. Comme ça, mon chum pouvait donner un biberon pendant que je donnais le sein. On a fait ça. Mais de toute façon, c’était pas assez. Il fallait toujours compléter par du lait maternisé. Après deux semaines, ça a été fini. J’en suis venue à l’évidence : j’étais pas capable d’allaiter. En fait, mon corps était très capable, mais moi, j’étais pas capable. Ça me rendait folle. C’était fini, fini, fini. Mon chum était déçu, mais il a compris. On avait dit qu’on nourrissait les bébés au sein, mais j’ai changé d’idée. Et même si je crois que les décisions devraient toujours se prendre à deux, je crois que dans ce cas-là, la décision n’appartenait qu’à moi seule.

BB1 et BB2 ont maintenant trois mois, de grosses bajoues et beaucoup d’énergie. Elles sont en pleine forme et moi aussi.

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One response to “Collaboration spéciale de Maude Cournoyer- Comment allaiter deux bébés sans se fatiguer (j’ai pas trouvé)

  1. Bonjour Maude… J’aime beaucoup ton article. Ayant moi-même fait un article sur mon vécu face à l’allaitement, je peux comprendre que chaque personne ait ses opinions. De se rendre malheureuse à vouloir allaiter pour toutes les raisons du monde, bonnes ou moins bonnes, ne nous mène nulle part. L’allaitement est un LIBRE CHOIX et chaque femme devrait être respectée dans ses choix. Moi non plus je n’ai pas été allaitée. Ma mère n’a même pas essayée. Je suis une belle femme de 37 ans en santé, bien en chaire et aussi très intelligente (qu’on arrête de tenter de nous faire croire que l’allaitement favorise le développement intellectuel de façon supérieure au lait maternisé…). Bravo pour ton choix. Une lectrice m’a laissé un commentaire sur mon article concernant l’allaitement qui va dans ce sens : Vos mieux un biberon heureux qu’un sein malheureux… Alie

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