Les enfants parlent. C’est bien connu, ils disent tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais qu’en est-il quand votre enfant manifeste des problèmes d’expressions?
Parmi mes 4 petits princes, deux ont des problèmes de paroles. Ils bégaient. La fluidité des mots ne se fait pas correctement. Tous les deux ont réagi très différemment lors de l’apparition du problème.
Été 2007, NUMERO DOS a 18 mois. Il ne s’exprime qu’à moitié. Il grommèle. Il ne termine pas ses phrases. De plus, il se fâche lorsque nous ne comprenons pas ce qu’il veut. Mon super bébé enjoué, clown et loufoque devient renfermé et colérique. Je demande à une cousine orthophoniste s’il est normal qu’il ne communique presque pas avec nous à 18 mois. NUMERO UNO ayant parlé très, très tôt, je n’ai pas vraiment de comparaisons, raisonnables, sur lesquelles me baser. Celle-ci m’invite à venir la rencontrer avec NUMERO DOS. Elle passe à peu près une demi-heure en sa compagnie pour ensuite m’apprendre que mon fils présente un problème de fluidité. En langage parent, il bégaie. EUH! Comment se fait-il qu’il bégaie? Qu’est-ce qu’on a fait de pas correct?
Elle m’explique que je devrai trouver un ou une orthophoniste avec expertise dans le trouble de fluidité, de bégaiement des enfants. Ah oui! Et je trouve ça où moi? Sous une feuille de chou? Tout le monde sait que les orthophonistes sont débordés et que les listes d’attente sont interminables…
Je m’attaque de front à la situation. J’épluche tout ce que je trouve sur le net concernant le bégaiement des enfants. Je contacte l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) et on me réfère à une liste d’orthophonistes sur leur site internet http://www.ooaq.qc.ca/ou-consulter/repertoire. Je fais une liste de tous les orthophonistes inscrits et je commence les appels. La plupart me répondent qu’ils ne prennent pas de nouveaux patients et que de plus, mon fils est trop jeune pour être suivi en orthophonie. Ils m’indiquent que c’est vers 4-5 ans qu’on commence les traitements. ***à noter que l’intervention précoce est prônée car ceci résulte en une plus grande efficacité thérapeutique.
Je suis découragée. Mon fils ne va pas avoir à souffrir jusqu’à 4 ou 5 ans en étant incapable de s’exprimer. Je continue mes recherches. Un nom ressort souvent. Celui de Guylaine Jutras, orthophoniste et membre – fondatrice de l’Association des jeunes bègues du Québec (AJBQ) http://www.ajbq.qc.ca/fr/. Je fais d’autres recherches sur cette Mme Jutras… Elle semble tout indiquée pour nous aider. De plus, elle pratique à Laval, pas très loin de chez-nous. Je tente donc de la joindre. Je me bute à la secrétaire qui me dit que les plages sont complètes. (Maintenant, les secrétaires du Centre médical Laval où travaille Mme Jutras sont avisées de transférer les appels à la boite vocale de celle-ci si les rendez-vous sont complets. Tous les messages sont retournés dans les 48 heures.) Je refuse de me faire virer comme ça. Mon fils a besoin d’aide. En continuant de fouiller, je trouve son adresse courriel. Je tente le tout pour le tout. Je lui écris un courriel. Quelques heures seulement après avoir envoyé le courriel, je reçois un appel téléphonique de Guylaine Jutras. Elle veut voir mon NUMERO DOS. À l’inverse de plusieurs autres, elle ne croit pas qu’il soit trop jeune pour entreprendre les traitements. Elle nous fixe un RDV pour le lundi suivant.
NUMERO DOS aura suivi 2 ans de traitements pour compléter les trois phases de traitement, soit : « Établir » qui prend un suivi rapproché, « Transférer » qui prend un suivi à intervalle graduée en fonction des progrès et « Maintenir » qui lui est aussi en fonction de l’évolution de la fluidité. C’est une clinique privée donc on a dû débourser une belle petite somme. Par contre, à son entrée à la maternelle, NUMERO DOS ne bégaie plus. Il a appris à contrôler son débit, à tempérer sa fluidité. Il fait de jolis petits paquets de mots. Je serai reconnaissante à Guylaine Jutras toute ma vie. NUMERO DOS fait un suivi annuel et il va très bien.
Qu’est-ce que le bégaiement ?
« (SIC) Le bégaiement n’est ni une maladie, ni un tic nerveux. D’origine neuromusculaire, il se définit comme un trouble mécanique de la parole, se manifestant principalement par les caractéristiques suivantes : répétitions de sons, de syllabes, de mots; prolongements de sons; ajouts de mots inutiles; manque d’enchainement et de souplesse dans la production de la parole » tiré du document Parler, un défi pour un jeune qui bégaie.
Des études ont démontré qu’entre 4% et 6% de la population infantile en souffrira. Au Québec c’est en moyenne entre 30 à 40 élèves par école qui en seront affectés. Le bégaiement fait généralement son apparition entre l’âge de 2 à 5 ans. Ce sont principalement les petits garçons qui manifesteront ce trouble de la parole, soit 4 fois plus que les petites filles.
Comme nous l’avons mentionné, le bégaiement n’est pas une maladie, il n’est donc pas possible d’en guérir. Par contre, en entreprenant une thérapie précoce, il est possible d’apprendre à contrôler le débit et la fluidité de la parole.
Plusieurs sites internet offrent des conseils afin de tenter d’aider nos enfants dans leur cheminement. Par contre, pour l’avoir vécu nous-mêmes à la maison, je vous conseille fortement de consulter un professionnel qui saura diagnostiquer le « vrai » besoin de votre enfant et ainsi entreprendre avec vous les bonnes démarches pour freiner l’évolution du bégaiement chez votre enfant.
Une information trouvée sur le site de l’Association canadienne des orthophonistes et audiologistes (CASLPA.ACOA), donne tout de même espoir que les problèmes de fluidité de nos enfants ne sont que temporaires. Voici l’extrait en question : « TROUBLES DU DEBIT CHEZ L’ENFANT ET BÉGAIEMENT Il est courant que les enfants présentent des troubles du débit lorsqu’ils tentent de regrouper des sons, des mots et des phrases. Les périodes de troubles du debit peuvent durer de deux mois à cinq ans. Ce que les parents appellent bégaiement consti-tue souvent une étape normale de l’apprentissage de la parole et du langage. » http://www.caslpa.ca/francais/resources/cch.asp PAR CONTRE, SI LES PROBLÈMES PERSISTENT PLUS DE 6 MOIS, IL FAUT CONSULTER. Plus l’enfant est pris en charge au début des problèmes de fluidité, plus l’efficacité thérapeutique sera grande.
NUMERO SEIS aura besoin de l’aide de Mme Jutras. Nous l’avons contacté en début d’année et à 30 mois, il entamera des traitements sous peu. Son problème n’est pas aussi prononcé que celui de NUMERO DOS mais tout de même, il répète ou étire les sons, prolonge les silences de façon anormale durant ses phrases. Celui-ci n’en est pas du tout incommodé par contre. Il ne se fâche pas du tout. Il parle constamment, sans arrêt et se fait comprendre. Il a même le réflexe de regarder la personne droit dans les yeux et dire J’AI PAS FINI… UNE MINUTE et là, il prend le temps de penser à ce qu’il veut dire et de formuler sa phrase. Ceci me donne espoir que son traitement ira bien et qu’il apprendra vite à contrôler sa fluidité.
Le système de santé au Québec est débordé. Avoir accès à un orthophoniste dans le domaine public est quasi impossible. Il ne faut pas désespérer tout de même. Plusieurs écoles offrent un suivi orthophonique à leurs élèves. Si vous décelez des troubles de fluidité chez votre enfant, n’hésitez pas à demander à son professeur de le référer à l’orthophoniste de l’école. Si toutefois vous trouvez que le suivi ne se fait pas, ayez recours aux ressources offertes par l’ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec. Ils pourront vous guider dans le choix des options qui s’offrent à vous.
Bonne fluidité,
Alie –xxx-
Sources : http://www.ajbq.qc.ca/fr/
Un gros merci à Mme Guylaine Jutras pour les informations. Votre soutient fut grandement apprécié. À bientôt!
J ai toujours hâte de te lire chaque semaine.C est tellement bien ce que tu écris.
Joyeuses Pâques a toi et toute la famille.xoxoxo